Seigneur,
Le printemps est bien là. En ce temps de confinement, il m’est donné d’écouter la mésange si délicate, de regarder avec admiration le merle qui vient grignoter les miettes de pain que je jette à la fin de chaque repas et d’admirer le pigeon ramassant une à une les brindilles lui permettant de construire son nid.
Il m’est donné d’admirer les quelques fleurs du jardin que je n’avais jamais vues aussi belles et de découvrir lors de nos rares et courtes promenades que les arbres ont revêtu leur parure de printemps avec leurs feuilles naissantes au vert délicat.
Oui, Seigneur, la nature que nous oublions tellement en temps ordinaire, tu nous l’offres, elle nous régénère. Il est temps de penser à la nature que nous abimons trop souvent. La crise du coronavirus que nous vivons avec angoisse nous rappelle que nous vivons sur une terre que tu nous demandes de respecter ; nous avons tellement besoin d’elle.
Nous nous redécouvrons vulnérables et bien fragiles, à la merci de ce fichu virus. Nous qui sommes malades de l’alcool et de tant d’autres dépendances, nous connaissons nos fragilités et nous avons découvert à quel point, Seigneur, tu pouvais nous aider à guérir. Donne-nous l’humilité de la patience, donne-nous combien il est agréable et riche de redécouvrir les vertus de la lenteur.
Donne-nous de vivre ce temps de confinement dans la paix et l’espérance. Donne-nous, Seigneur, d’avoir le désir et le courage d’aller au fond de ce que nous sommes, de te chercher et de te trouver au fond de nous-mêmes. Quand nous t’aimons, Seigneur, quand nous t’avons trouvé, nous nous retrouvons en lien avec chacun de nos frères et de nos sœurs.
La solitude que nous vivons nous fait ressentir plus que jamais à quel point nous avons besoin les uns des autres et qu’il nous est impossible de vivre sans une vie fraternelle tissée jour après jour. Je te rends grâces pour tous ces appels téléphoniques que je reçois ou que je donne et qui nous font prendre conscience à quel point nous ne pouvons pas nous contenter de notre petit confort solitaire. Je te rends grâces pour ces « prenez soin de vous » qui concluent chacun de nos échanges, pour la joie de Madeleine que je n’avais pas contactée depuis plusieurs mois ou même plusieurs années.
Donne-nous, Seigneur, d’être attentifs à ceux qui sont seuls, à ceux de nos amis ou de nos familles qui sont les plus âgés et qui souffrent encore plus que nous de la solitude.
Je te rends grâces, Seigneur, pour ce que tu nous donnes de vivre à la maison en couple, avec Facinet, notre jeune réfugié de Guinée, qui garde sa bonne humeur, son désir de travailler à l’école et de nous rendre service bien qu’il reste toute la journée ou presque dans sa chambre, se gardant quand même un peu de temps pour s’offrir au soleil qui lui fait tant de bien ! Nous découvrons avec joie que nous sommes capables de vivre une certaine harmonie familiale durant ce temps de confinement.
Mais je te prie pour ceux qui sont isolés dans leur petit appartement, pour ceux qui vivent à plusieurs dans quelques mètres carrés et qui en viennent parfois à la violence.
Je te prie pour touts ceux qui sont malades et ceux qui les soignent.
Seigneur, tu es bien là qui nous aimes et prends soin de nous, toi que nous allons bientôt vénérer sur la croix. Comme nous l’a dit notre pape François «de ta croix, tu nous exhortes à retrouver la vie qui nous attend, à regarder vers ceux qui nous sollicitent, à renforcer, reconnaître et stimuler la grâce qui nous habite. »
Durant ce temps de carême qui prend fin, durant ce temps de confinement qui se prolonge, Seigneur, tu nous as invités à nous convertir et de vivre ce temps privilégié comme une magnifique occasion de vivre joyeusement notre foi. Nous ne sommes pas seuls. Portés par l’Esprit, en union avec notre Père du ciel, fais nous déjà découvrir la lumière de ta Pâques en étant attentifs aux autres, car c’est cela la joie de l’Evangile.