Après quinze ans d’addiction à l’alcool, Lucie raconte la honte, la spirale qui commence à l’aube et les blessures infligées à ses proches… jusqu’au soir où, au bord du gouffre, elle crie vers Dieu : « Est-ce que tu veux que je vive ? ». Cette prière, une rencontre avec les Pèlerins de l’Eau Vive et un suivi médical ouvrent un chemin de délivrance et d’abstinence. Découvrez son témoignage puissant en vidéo et retrouvez ici la transcription intégrale.
Manu : Bonjour Lucie.
Lucie : Bonjour.
Manu : Tu me disais, là où on discutait tout à l’heure à bâton rompu, t’as bu pendant une quinzaine d’années, alors on dit alcoolique. D’ailleurs, il y a toujours un peu la honte, surtout pour une femme. Puis surtout, il y a un truc qui m’a frappé. Tu m’as dit : j’en avais marre d’en avoir marre. Explique-moi comment ? Parce qu’aujourd’hui, tu es sobre, je crois.
Lucie : Aujourd’hui, je suis abstinente complètement, mais c’est vrai que ça n’a pas été facile. La route a été longue et franchement, j’ai bu, j’ai bu, j’ai bu et c’était à partir de 6h00 du matin. Je faisais des conneries, je n’étais pas léthargique, donc plutôt violente verbalement. J’emmenais mes enfants à l’école en bagnole, je faisais un peu n’importe quoi. Et un jour, j’en ai eu vraiment ras le bol de cet alcool et je me disais que j’étais arrivée à satiété. J’étais trop remplie de cette merde. Et je me rappelle avoir commencé… Ça s’est déclenché en me taillant les veines avec un petit rasoir comme ça et j’étais bourrée ce jour-là. Et j’étais prostrée dans un coin du mur en disant : Qu’est-ce que tu veux, toi, là-haut ? Est-ce que tu veux que je vive ? Est-ce que tu veux que je crève ? Et c’était mon cri d’espérance envers le Seigneur, mais aussi de désespoir. Et c’est vrai que ce jour-là, j’ai réalisé que vraiment, je me foutais en l’air, je foutais en l’air ma famille, mes enfants, mon mari, ma vie.
Manu : Et ta foi, du coup, t’a aidé ?
Lucie : Je croyais toujours parce que je m’adresse au Seigneur.
Manu : Tu lui criais ton désespoir.
Lucie : Mais je n’y croyais plus. Je me raccrochais, mais je n’avais aucune espérance par rapport à ça.
Manu : Et alors, du coup, là, j’ai autre chose à faire. Qu’est-ce qui fait que… Rapidement, parce qu’aujourd’hui, tu crois que ça t’a vraiment aidé ? Le Seigneur t’a aidé.
Lucie : Oui, alors justement, ça a été ce moment déclencheur où ce soir-même, on avait une prière avec les pèlerins de l’Eau vive, où je n’aimais pas y aller parce que j’étais toujours dans l’alcool et les pèlerins de l’Eau vive sont ces gens qui aident les malades de l’alcool et les co-dépendants, dont mon mari. Et ce soir-là, j’ai dit : je viens. Et mon mari m’a dit : Non, je ne veux plus te voir, va te coucher, tu me dégoûtes. J’ai dit : Non, je viens quand même à la prière. Après, qu’il m’ait foutu un coup de boule dans le nez, de désespoir et de ras-le-bol aussi pour lui. Et là, ça m’a calmée. Et on est partis prier. Et quand on est arrivé dans le local pour prier, Luigi et Lucienne, qui s’occupaient de la mission à Lyon, m’ont pris en charge, m’ont dit : Demain, Luigi, très virulent, m’a dit : Tu lâches ta bouteille ou tu crèves, ou tu viens avec moi demain chez le médecin à 8h00. Et j’y suis allée et ça a été le début d’une délivrance.
Manu : Un vrai électrochoc, et puis le terrain était préparé en toi.
Lucie : Ce jour-là, oui, mais il a fallu des années que ça…
Manu : Merci. Merci Lucie.