Le sport qui peut être aussi une addiction

 François Pépin (FP) : Bonjour Elisabeth ! Et si aujourd’hui nous échangions sur la thématique du sport, en lien avec les JO et les addictions comportementales ?
Elisabeth Damiani (ED) : Bonjour François ! Tout à fait d’accord pour cette thématique. Tu nous confirmes donc qu’il y aurait un risque à pratiquer du sport intensivement ?
FP : Oui, même si cela peut paraître surprenant : en effet, il existe des addictions comportementales, liées à la pratique intensive et régulière de certaines activités, comme le sport ou encore les jeux d’argent …
ED : peux-tu nous expliquer comment cela fonctionne ?
FP : oui, bien sûr ! la pratique du sport libère dans notre cerveau des endorphines qui se fixent sur les récepteurs opioïdes du circuit de la récompense dans le cerveau. Ceci peut générer une addiction. En fait, quand on fait beaucoup de sport, on peut dire que l’on « plane » du fait de l’augmentation de ces endorphines et cela génère l’envie d’en faire encore davantage : c’est alors le même mécanisme que pour toutes les addictions.
ED : oui, le fameux « toujours plus » qui peut être dangereux … On ne peut pas dire que je sois une grande sportive, mais là où je me reconnais dans ce que tu expliques, c’est dans ce toujours plus qui devient comme une roue infernale. Je l’ai vécu avec l’alcool mais aussi ces dernières années avec les troubles du comportement alimentaire (les fameux TCA)
FP : C’est effectivement comparable … Et il peut être utile de rappeler qu’une addiction peut en entraîner une autre, que l’on peut passer de l’une à l’autre …Pour revenir au sport, on peut remarquer que les sportifs de haut niveau s’entraînent tout le temps et que l’arrêt de cette activité peut déboucher sur un syndrome de sevrage. Il faut donc y être attentif et aider les sportifs à ralentir progressivement, comme on veille sur les malades de l’alcool pendant leur sevrage aussi. ED : comment expliques-tu le fait que l’on passe aisément d’une addiction à une autre ? FP : pour le cas des sportifs de haut niveau, comme c’est le cas pour ceux des JO et jeux paralympiques, avec la fin des jeux il y a la baisse de la popularité qui à elle seule peut réveiller une sensibilité à d’autres addictions. Il est important de veiller à ne pas remplacer une addiction par une autre : l’arrêt du sport, surtout en été, peut ouvrir sur l’alcool.
ED : oui, l’appel d’une « bonne » bière bien fraîche en terrasse …
FP : c’est ça : on ne rappellera jamais assez que l’alcool ne déshydrate pas et qu’en cas de forte chaleur, comme en ce moment, c’est d’eau fraîche dont on a besoin ! Et il est bon de rappeler qu’il y a une très grande variété d’eaux, plates ou gazeuses, dont la dégustation a bien des charmes !
ED : Oui c’est quelque chose que j’ai découvert il y a longtemps, lors d’une de mes cures où l’on nous faisait boire beaucoup d’eau minérale dans de belles bouteilles en verre, pour en retrouver le plaisir. Et c’est un fait, les eaux n’ont pas toutes le même goût et on peut même avec un peu d’effort les reconnaître à leurs particularités.
Cela dit, elles n’ont pas les mêmes effets que l’alcool : je pense à son effet désinhibant … FP : effectivement, le risque est accru quand « ça marche » ! C’est d’ailleurs ce qui m’a sauvé : Quand j’étais jeune, j’ai voulu essayer l’alcool pour voir l’effet que ça faisait sur moi : l’effet désinhibant de l’alcool n’a jamais marché, et heureusement !
ED : oui, ce fut ta chance en quelques sortes … La mienne est de m’en être sortie malgré tout, et plutôt bien ! Mais j’ai pu repérer que j’ai un tempérament addict et que je suis passée, pendant un temps, de l’alcool à la cigarette et aux TCA. La vigilance reste de mise, même s’il ne sert à rien de concentrer toute son attention là-dessus ! La vie est belle et vaut le coup d’être bien vécue : « en route avec l’Esprit de Dieu, en route vers le Père… ! »