Prière de Saint Jean XXIII : le Décalogue de la Sérénité
Dans son « Décalogue de la sérénité », le saint pape Jean XXIII propose des conseils de vie sous forme de résolutions simples pour être heureux dans l’instant présent chaque jour, sous le regard de Dieu.
Ce Décalogue commence toujours par cette formule « Rien qu’aujourd’hui » c’est-à-dire « ici et maintenant », le réel ; ce réel dans lequel je suis appelé à être heureux, à entrer dans la joie. Ne pas se soucier du lendemain, ni de l’après-demain, ne pas regretter hier, mais vraiment mettre notre présence dans le présent de nos journées.
Si ces conseils apparaissent simples de prime abord, ils sont extrêmement profonds et nous proposent finalement un chemin vers la sérénité, la sagesse et la paix intérieure, praticable par tous. Nous pouvons les méditer comme les grains d’une dizaine de chapelet, et les vivre comme des résolutions personnelles pour chaque jour.
Winnie, Quel jour sommes-nous ?

1 – « Rien qu’aujourd’hui, j’essaierai de vivre exclusivement la journée sans tenter de résoudre le problème de toute ma vie. »
Le problème de toute une vie peut-il résoudre en une seule journée, celle d’aujourd’hui ? Non, bien sûr !
Le mot important est « exclusivement » : il se rapporte à une et une seule journée. Dans notre rapport au temps, nous voulons bien souvent que tout soit réglé tout de suite, tout anticiper, tout prévoir, tout organiser, tout planifier…. Le Christ nous dit bien : « Demain se souciera de lui-même » (Mt 6,11). Une invitation à se montrer modéré dans notre volonté déchaînée de tout résoudre rapidement surtout si nous sommes sous l’emprise de l’alcool. Nous ne pouvons résoudre que les problèmes du jour, et être ancré dans le réel.
Également, le Pape ne nous dit pas « je réussirai » mais j’essaierai. Faire le mieux possible ce que nous pouvons faire, sans trop y mettre non plus trop d’énergie parce que nous risquerions de nous épuiser, mais sans oublier également d’en mettre un peu.
Aujourd’hui dans ce chemin d’équilibre pour être « présent au présent », je vais essayer de vivre ma journée en me détachant de la pression que je me mets à moi-même pour vivre de manière plus paisible mon aujourd’hui.
2 – « Rien qu’aujourd’hui, je prendrai le plus grand soin de me comporter et d’agir de manière courtoise ; je ne critiquerai personne, je ne prétendrai corriger ou régenter qui que ce soit, excepté moi-même. »
La courtoisie, mot un peu désuet aujourd’hui, signifie simplement être aimable, être poli. C’est même une certaine qualité de la politesse, c’est-à-dire c’est du savoir vivre, le savoir de l’éducation, savoir se tenir. C’est apprendre à vivre avec les autres et avoir des rapports harmonieux. Dans l’échange verbal ou en pensées, une des courtoisies que je peux avoir est de ne pas critiquer les autres, de ne pas les juger. Le seul pour lequel j’aurais à émettre des jugements et le seul que je vais régenter, c’est d’abord moi-même.
Pas facile, mais aujourd’hui, je peux m’y exercer et tourner 5 fois ma langue dans ma bouche avant de parler, ne pas commencer à donner son avis, à critiquer, mais à commencer à s’intéresser d’abord à sa propre conversion !
3 – « Rien qu’aujourd’hui, je serai heureux sur la certitude d’avoir été créé pour le bonheur, non seulement dans l’autre monde mais également dans celui-ci. »
Paul qui nous dit : « Soyez toujours joyeux » (Phil 4,4). Et la joie, d’ailleurs, cela se travaille. Ce n’est pas chercher l’exceptionnel, mais se réjouir des petites choses, prendre le temps de s’arrêter, regarder, goûter, une fleur, un rayon de soleil, un oiseau qui vole…. Se réjouir des petites choses nous permet de revenir au réel, au présent. Pour cela, nous avons besoin de nous arrêter et prendre du recul.
Aujourd’hui, à nous de trouver les joies simples qui nous permettent de goûter cette joie et de nous ré- émerveiller de savoir que nous sommes aimés de Dieu.
4 – « Rien qu’aujourd’hui, je consacrerai dix minutes à une bonne lecture en me rappelant que, comme la nourriture est nécessaire à la vie du corps, de même la bonne lecture est nécessaire à la vie de l’âme. »
Nous avons besoin de nourrir notre corps, mais aussi notre âme, nourrir notre cœur, notre intelligence.
10 minutes, ce n’est pas long dans une journée ! La bonne lecture, cela peut être des choses très diverses : un roman, un article, un essai, une page de la bible, la vie des Saints…. Lire, c’est d’abord s’arrêter, rentrer dans un autre univers, c’est se laisser nourrir, être éclairé(e) par un autre. Alors, oui, la lecture est importante, la lecture en particulier spirituelle, elle nous nourrit, elle nous fait découvrir que nous ne sommes pas tous seuls, elle nous fait grandir intérieurement.
Aujourd’hui, je vais choisir une lecture qui sera bonne pour la vie de mon âme, pour mon intériorité.
5 – « Rien qu’aujourd’hui, je ferai une bonne action et n’en parlerai à personne. »
A la suite de Jésus, comme disciple de Jésus, nous sommes faits pour faire le bien.
Nous pouvons faire le bien des tas de manière : spirituellement en priant pour quelqu’un, psychologiquement en ayant des attitudes, des paroles encourageantes et d’amour, rendre service sans que cela se voit. Pensez à sainte Thérèse de l’Enfant qui sans que ses sœurs ne le voient, rangeait les manteaux, les pliait correctement même si certaines sœurs l’irritaient.
Aujourd’hui, je ferai le bien pour le bien, et non pas pour ce que ce que nous pourrions en tirer pour moi-même, pour ma propre gloire, pour mon autosatisfaction en le faisant savoir haut et fort !
6 – Rien qu’aujourd’hui, j’accomplirai au moins une chose que je n’ai pas envie de faire, et si on m’offense je ne le manifesterai pas.
Il y a beaucoup de choses que nous n’avons pas envie de faire : nettoyer les casseroles, traiter les papiers administratifs, descendre les poubelles, se lever le matin tôt, après une mauvaise nuit…mais il faut bien le faire pour le bien de la communauté, de la famille…surtout quand on est fatigué après avoir trop bu…
Mettre l’énergie en se dépassant, en pensant aux autres, c’est en fait aussi mon bien personnel finalement.
Mais aussi, s’exercer à prendre du recul pour ne pas réagir au tac au tac quand je me sens offensé (e). Cela ne sert à rien et ne peut qu’envenimer la situation.
Aujourd’hui, s’obliger et s’abstenir !
7 – « Rien qu’aujourd’hui, je me plierai aux circonstances, sans prétendre que celles-ci cèdent à tous mes désirs. »
C’est en quelque sorte être docile aux évènements et surtout humaniser nos désirs, qui peuvent devenir tyrannique, sont parfois égocentriques, narcissiques et irréalistes, comme le désir de boire.
Mon désir n’est pas tout puissant, il doit s’ajuster à la vie, aux circonstances, aux autres et donc céder. Apprendre à accepter les choses que nous ne pouvons pas changer, s’exercer à percevoir le souffle de Dieu, tel est le chemin pour vivre en plus grande sérénité.
Grandir dans la gestion de notre désir demande de réfléchir. Si nous obligeons notre désir juste par la volonté, aux forceps, à faire ou à ne pas faire, il va se rebeller. En revanche, si nous l’éclairons par l’intelligence, notre désir comprend qu’il y a un bien plus grand et notre désir pourra plus facilement céder.
Aujourd’hui, je vais ordonner mon désir pour ainsi trouver la tranquillité et être en paix.
8 – « Rien qu’aujourd’hui, j’établirai un programme détaillé de ma journée. Je ne m’en acquitterai peut-être pas entièrement, mais je le rédigerai. Et je me garderai de deux calamités : la hâte et l’indécision. »
Dans la vie, il faut bien s’organiser un peu : nous ne pouvons pas vivre toujours le nez au vent. Organiser sa journée, cela permet de ne pas être dans la prostration ou dans l’excitation continuelle, cela permet d’ordonner notre fameux désir, notre énergie intérieure au mieux.
Le saint pape Jean XXIII nous propose un petit rituel : faire un petit programme de ma journée. Même établir un programme détaillé pour ordonner notre journée
Et il nous donne un autre conseil : « je le rédigerai, mais je ne m’en acquitterai peut-être pas entièrement ». Cela veut dire quoi ? Vivre notre programme avec souplesse, surtout face aux imprévus et le mettre en œuvre intelligemment sans s’y arcbouter.
Aujourd’hui, je vais essayer d’éviter deux calamités et conserver un équilibre entre les extrêmes : la hâte – s’agiter, aller trop vite et faire tout mal, et l’indécision – ne rien décider et du coup ne rien faire !
9 – « Rien qu’aujourd’hui, je croirai fermement – même si les circonstances attestent le contraire – que la Providence de Dieu s’occupe de moi comme si rien d’autre n’existait au monde. »
Le travail spirituel se fait, s’enracine chaque jour. Même si, par moment, nous ne comprenons pas et que nous avons l’impression qu’il y a du brouillard à l’horizon de l’existence, c’est l’espérance qui nous permet, au-delà de ce brouillard d’adhérer, au mystère de Dieu et à ce qu’Il veut pour nous. Dieu continue à être là avec et auprès de nous. Dieu nous aime infiniment, « Je t’aime et tu as du prix à mes yeux » Isaïe 43.
Aujourd’hui, tout au long du jour, disons-nous et répétons-nous que Dieu nous aime infiniment et ne veut que notre bonheur
10– “Rien qu’aujourd’hui, je n’aurai aucune crainte. Et tout particulièrement je n’aurai pas peur d’apprécier ce qui est beau et de croire à la bonté. Je suis en mesure de faire le bien pendant douze heures, ce qui ne saurait me décourager, comme si je me croyais obligé de le faire toute ma vie durant.”
Souvent dans la bible, jésus nous dit : « N’ayez pas peur, ne craignez pas ». La seule crainte que nous puissions vraiment avoir finalement, quand nous sommes croyants est de blesser le cœur de Dieu ou le cœur du prochain. Donc l’amour parfait n’a pas de crainte. Certes, c’est aller à l’encontre de ce monde habité par la peur et qui cherche à s’assurer pour tout. Pas de crainte parce que Dieu nous aime et qu’Il nous invite à nous réjouir. Nous cherchons tous intuitivement la bonté, la beauté, la vérité, et l’unité.
Aujourd’hui, n’ayons pas peur de croire à la bonté, n’ayons pas peur de croire que le meilleur est possible dans l’espérance.
Je suis en mesure de faire le bien pendant douze heures, ce qui ne saurait pas me décourager, comme si je pensais que je devais le faire toute ma vie durant.
Nous sommes en mesure de faire le bien pendant 24 heures. Il ne s’agit pas de s’agiter pour demain, après demain. Ce sont les petits pas que nous posons l’un après l’autre, l’un derrière l’autre qui nous fait entrer dans cette dynamique pour rendre nos journées plus légères, paisibles et emplies d’Espérance.
Commentaires par Manu
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