Julie Roselli … Du rouge aux lèvres…

               

du rouge aux lèvres

  Julie, jolie femme de 30 ans, ne boit plus une goutte d’alcool depuis 8 ans. Dans un livre bouleversant et sans complaisance,  » Du rouge aux lèvres « , elle raconte sa longue descente dans l’enfer de l’alcool, puis son envie de s’en sortir et retrouver une vie normale. Rencontre

Les débuts de sa maladie alcoolique
                            Petite, Julie était d’une nature anxieuse et angoissée, mais elle ne le montrait jamais par peur d’embêter les gens avec ses histoires. Cette fragilité a certainement été un accélérateur de la maladie. A 12 ans, elle découvre épisodiquement les effets bénéfiques de l’alcool sur son comportement. Puis, c’est vers 15 ans que les choses s’accélèrent. « C’est vrai que je buvais beaucoup, comme le faisait certainement de nombreux adolescents. Et plus on est exposé jeune à l’alcool, plus on a de risque de devenir alcoolo- dépendant. C’est ce qui m’est arrivé. Très vite, j’ai réalisé que l’alcool avait sur moi les effets d’un anxiolytique ou d’un antidépresseur et j’en ai consommé de plus en plus. »
 
Responsable de sa maladie

A la lecture de ce livre, on se demande comment elle a pu sombrer si loin dans l’alcool, sans que personne ne cherche vraiment à l’aider. Sa maman, psychologue, lui donnait une éducation que l’on pourrait juger de laxiste, mais Julie ne lui jette pas la pierre. Au contraire, aujourd’hui avec le recul et après huit ans d’abstinence, elle prend sa défense. « Je crois que plus on est proche des gens, plus c’est difficile de les aider. Maman avait ses propres difficultés à gérer à cette période-là. Elle était prise dans un tourbillon entre sa vie personnelle, pas simple et son travail. De toute façon, à aucun moment je n’ai exposé mon problème à mon entourage. J’ai construit ma propre histoire. Je buvais souvent seule, on ne me voyait donc pas ivre. Un alcoolique est d’ailleurs rarement ivre, il a de l’alcool en permanence dans le corps et il a de l’endurance. Par exemple, je n’arrivais jamais saoule à une fête de famille, même si j’avais bu avant, personne ne le voyait. Mon entourage ne m’a d’ailleurs jamais dit « arrête de boire ».
 
L’alcool, une véritable possession
                                « L’alcool est une force invisible totalement destructrice. Il vous possède, vous met à terre. Pour moi, il a joué plusieurs rôles. Au début, c’était une passerelle, il m’apaisait me permettant ainsi de ne pas disjoncter totalement. Puis très vite, vers 20 ans, j’ai dépassé la zone rouge et là, il s’est révélé être un destructeur et est devenu un boulet dont je n’arrivais plus à me séparer. » Julie avait tellement peu confiance en elle, était en proie à un tel mal-être que la consommation excessive d’alcool la confortait dans l’idée qu’elle ne valait rien de bien. « C’était comme si je vivais derrière une vitre. De mon côté, la vie était en noir et blanc, triste et passive. De l’autre côté, il y avait les couleurs, mais je n’arrivais pas à casser cette vitre. »  Rapidement une autre addiction est venue s’ajoutée à l’alcool : le cannabis. Julie était tombée amoureuse d’un garçon consommateur assidu de cette herbe. »
 
Le déclic pour s’en sortir
                                             « Soit je continue et j’en meurs, soit j’arrête tout ». Ce sont les mots que Julie a prononcés sur son lit, alors qu’elle était hospitalisée dans un centre de psychiatrie. Une prise en charge qui s’est révélée catastrophique. « Pendant un an, j’ai été prisonnière d’une camisole chimique. C’était l’horreur, j’étais devenue un vrai légume. C’est là que j’ai pris conscience qu’il était peut-être temps que je fasse quelque chose pour m’en sortir. Je me suis dit « essaies, tu ne l’as jamais fait ». Je n’avais jamais été abstinente en dehors de la petite enfance. » Le vœu le plus cher de Julie était alors de devenir normale, ordinaire. Mais pour cela, il lui fallait apprendre à vivre sans alcool. Pour elle, une révolution. « Je ne savais pas fonctionner sans. Et je devais accepter de ne pas aller bien à partir du moment où j’arrêterais. » A 23 ans, elle a décidé de rejoindre une association d’anciens buveurs. Elle y a fait des rencontres enrichissantes, y a trouvé le soutien indispensable à la réussite de ce challenge, noué des amitiés fortes et surtout y a connu Louis, son futur mari et le papa de ses enfants. Le chemin n’a pas été facile. Mais à force de volonté, elle a surmonté les rechutes et autres embûches. Pendant plusieurs années, elle a ressenti le besoin de se rendre quotidiennement aux réunions. Cela fait maintenant 8 ans qu’elle n’a pas bu une goutte d’alcool.
 
Huit ans d’abstinence

Julie avoue avoir un regard tendre sur ce qu’elle a été et surtout refuse d’avoir honte de son alcoolisme. « Je n’ai rien fait de mal, j’ai juste trop bu. Je suis heureuse d’avoir essayé de m’en sortir et surtout, d’avoir réussi. » Si la jeune femme ne consomme plus du tout d’alcool, elle se qualifie toujours d’alcoolique et ne dit jamais « j’ai été ». « Je ne peux pas dire cela car aujourd’hui, je suis incapable de boire ne serait-ce qu’un verre. La maladie est inscrite en moi. D’autant que dans mon cas, boire ça n’était pas deux verres, mais deux bouteilles. Comme j’ai été seule responsable de mon alcoolisation, je le suis aussi de ma guérison. Je ne ressens aucune envie par rapport à cette boisson, même si lors d’un dîner, il y en a à table. J’ai réussi à enrayer le processus de destruction. » Julie est une maman stricte, voire possessive. Elle précise également qu’il est hors de question que ses enfants trempent ne serait-ce que leurs lèvres dans une coupe de champagne, comme cela se fait souvent. Elle veut leur donner tout ce qu’elle n’a pas reçu et surtout ne pas reproduire ce qu’elle a vécu. Pour Julie, ce serait un terrible drame que de ne pas remarquer si quelque chose ne va pas chez ses enfants.  
 
Du rouge aux lèvres
« Je suis alcoolique, mais ça ne se voit pas »
Editions K&B