Comment aider une personne malade de l’alcool ?
Éclairage à partir de l’évangile de Saint Matthieu 9 35 10,1
« Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité ».
Dans cet évangile, nous pouvons souligner 3 attitudes fondamentales de Jésus :
- Il regarde les foules, mais surtout il regarde les personnes
- Il touche, c’est-à-dire qu’il s’approche des personnes
- Il agit, toujours dans le sens de la Vie car il est la Vie, la source qui coule. Il agit toujours dans le sens de la dignité de la personne.
Quant est-il de nous face aux personnes qui ont une addiction face à l’alcool ?
Cela nous fait mal, in fine, de voir une personne se détruire. Le mal est bien présent. Malheureusement, je ne peux pas supprimer le mal, cependant je peux lutter contre le mal MAIS pas avec les moyens du Mal, le malin.
La première chose est déjà de ne pas être indifférent. Puis, le meilleur moyen : c’est avoir une attitude de compassion qui est essentielle pour prendre et accepter le mal tel qu’il est.
Qu’est-ce que la compassion ?
C’est un mode de relation qui est une question d’attention à l’autre. Quand je vais vers la personne alcoolique : je lui dis : « tu n’es pas seul », je ne prends pas son alcoolisme, sa maladie de l’alcool mais je souffres avec elle.
Au sens étroit, la compassion est une émotion intérieure qui me remue et me bouleverse. Mais au sens large, si je vais au-delà de l’émotion, cela me pousse à agir pour que l’autre puisse vivre : l’agir est essentiel dans la compassion, sinon, on peut rester au niveau des émotions intérieures.
Quelles sont les 3 attitudes essentielles pour vivre la compassion ?
- La vérité : être vrai avec moi-même
- L’humilité : ce que l’autre est aujourd’hui, je peux le devenir demain
- L’audace de la prière, la foi et l’espérance
Et surtout la source de compassion, nous ne pouvons la trouver qu’en Dieu : Dieu qui est Amour et qui a été au sommet de l’amour sur la Croix. Et la compassion fait bouger !
Nos réactions courantes face à une personne malade de l’alcool
Face à des personnes malades de l’alcool, nous sommes bien souvent tentés… à être agressifs (il pourrait faire un effort !), indifférents (ce n’est pas mon problème), désemparés et démunis (je ne sais plus quoi faire), baisser les bras (j’en ai marre !), à avoir des propos violents (espèce d’alcoolo !), être dans le déni (ce n’est pas grave !. Dans toutes ces attitudes, nous sommes dans le jugement de l’autre qui est malade et qui souffre car bien sûr, cela nous fait souffrir également.
Quels antidotes ?
Alors qu’elles peuvent être les antidotes à ces réactions inappropriées pour aider l’autre ?
La bienveillance, la patience, la douceur, l’écoute, l’humilité, le sourire, la fraternité, le partage, la prière, c’est à dire la compassion.
Et briser les non-dits avec le malade et l’inviter à se rendre à des groupes de paroles au-delà d’une aide médicale ;
Père Guy Sionneau, Passioniste