Dons nécessaires à la mission: Paix, Foi, Souffle Saint

Chers amis pèlerins de l’Eau Vive, dans le passage de l’Évangile de Saint Jean (Jean 20, 29) nous pouvons repérer 3 dons nécessaires à la mission de l’Église. Cette dernière était déjà largement tracée dès les premiers jours du carême ; nous ferons donc un petit retour en arrière pour prendre notre élan vers la Pentecôte. Bien sûr nos oreilles sont plus que jamais attentives dans le contexte de la pandémie du covid 19. Nous voyons se dérouler jour après jour le cortège de morts qu’il entraîne, la souffrance de ne pouvoir accompagner ses proches, la perte d’emplois à venir, le confinement difficile en ville surtout, les fragilités que celui-ci fait apparaître… mais aussi tous les élans de solidarité que cette situation suscite un peu partout.

Bref un monde ancien s’en va, un nouveau monde va germer et chacun y va de son petit commentaire, de sa vidéo etc… Nous ferons, nous, modestement un simple plongeon dans la Parole de Dieu et la tradition de l’Église.

Tout d’abord 3 dons nécessaires à la mission : la paix, l’acte de foi et celui qui en est la source : le Souffle-Saint.

Paix à vous:

Par 3 fois Jésus dit à ses disciples littéralement : « Paix à vous ». Après le drame de la passion les disciples sont confinés dans la peur. Nous pouvons les comprendre. Il ne faisait pas bon se déclarer ami de Jésus. Pierre en a fait les frais lors de la passion. Bref, après ces évènements, la paix a besoin de revenir dans les cœurs. Dans la circonstance actuelle, confinés nous aussi pour d’autres raisons, nous pouvons particulièrement demander cette paix ; qu’elle descende au plus profond de nos cœurs. Alors en écho à la Parole de Jésus relayée par nos évêques : « Paix à vous ».

Acte de foi :

Pour advenir au plus profond de nous cette paix a sûrement besoin de s’appuyer sur notre acte de foi. Cet acte de foi nous le voyons transpirer au cœur de la première communauté chrétienne qui vit dans la joie du partage, de la fraternité et de la louange (1ère lecture). De même dans la deuxième lecture nous avons repéré la répétition du mot foi : « 5 fois foi ». Bien sûr, par l’évangile, nous avons été témoins du cheminement de Thomas. Après tous ces évènements il doutait. Comment le crucifié pouvait-il être vivant ? Alors Jésus vient l’initier : « heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Nous nous retrouvons assez bien dans ce Thomas. Rien de choquant dans ce qui lui est arrivé. Croire selon l’Hébreu c’est « accepter de se laisser porter ». Il le fallait dans un contexte d’envoi en mission on ne peut plus périlleux. Les évènements que nous traversons dans notre monde peuvent nous faire hésiter, douter. Posons un acte de foi « Laissons-nous porter », plongeons dans la confiance. Posons un acte de foi en la présence du ressuscité : « Je me décide à préférer aujourd’hui Jésus Christ mon sauveur, à mon alcool » disons-nous dans la prière du verre d’eau.

Souffle-Saint :

Jésus se tient « au milieu » des disciples. IL est là, vraiment là. Jésus va souffler sur les disciples : « Il souffla sur eux » tout en recevant « l’Esprit-Saint ». Le Saint-Esprit est le propre souffle de Jésus. Par le Saint-Esprit : « Je suis avec vous tous les jours » (Mt 28,21) se réalise.             Ce souffle va permettre de croire : « Personne n’est capable de dire : Jésus est Seigneur, si ce n’est par l’Esprit-Saint » (1 Co 12,3). C’est aussi par le Saint-Esprit que nous recevons la paix divine. Dans le contexte présent et incertain, que cette année soit pour chacun le lieu d’une attente particulière de vivre un renouveau dans le Saint-Esprit. Le confinement prolongé nous aidera à vivre un approfondissement de la personne du Saint-Esprit, cœur de la mission, « souffle-Saint ». La mission des baptisés disparaîtrait sans lui, sans le mettre au cœur de toutes nos activités missionnaires, notamment au sein des « pèlerins de l’eau vive ».

C’est pour cette raison que, dans la situation de crise dans laquelle nous sommes plongés, nous sommes invités à marcher avec des repères simples, forts ; des repères à cultiver, à redécouvrir peut-être, afin de devenir des disciples missionnaires renouvelés.

Prière, jeûne, charité :

ST Pierre Chrysologue dit dans un texte du 3ème mardi du carême (cf Bréviaire – aelf, liturgie des heures pour lire l’ensemble du passage) : « Prière, miséricorde, jeûne : les trois ne font qu’un et se donnent mutuellement la vie ». La miséricorde est à entendre « œuvre de charité ». L’auteur ne fait que reprendre l’Evangile du mercredi des cendres : aumône, prière, jeûne. Entendons que les 3 sont à mettre en œuvre si nous voulons évangéliser.

Dans notre monde développons la prière surtout en tant qu’expérience prolongée du silence. Pour cela difficile d’avancer sans se former par des retraites de 6 jours minimum et en silence.

Si les magazines, en VRP du « bien-être », parlent du jeûne pour des raisons diététique, chrétiens nous ne pouvons pas faire l’impasse de l’expérience du jeûne. Jeûner de toute chose pas essentielle à nos vies (cherchons bien) et jeûner régulièrement aussi de nourriture.

A la lumière spécifique de la prière et du jeûne, développons une charité à l’exemple de tous ceux qui se donnent aujourd’hui sans compter pour sauver des vies.

St Pierre Chrysologue déclare que, s’il manque l’un des trois (Prière, jeûne, charité) il manque tout. Ecoutons : « En effet, le jeûne est l’âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise : les trois ne peuvent se séparer. Celui qui en pratique seulement un ou deux, celui-là n’a rien ».

Renoncement :

Au fond l’après virus est très simple : prière, jeûne, charité, les 3 ensemble à mettre en œuvre et par tous. Dans cette triade le mot clé nous vient de la liturgie du lendemain des cendres, dans Saint Luc 9, 23 : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. »

La prière comme le jeûne avec la charité sont trois voies de renoncement en lesquelles il n’y a rien à craindre du présent et de l’avenir. Avec ces trois actions mises en œuvre nous ne tombons jamais de haut et du cœur de toutes nos faiblesses nous demeurons debout, burinés et transformés à cette école de renoncement. Nous voyons mieux les évènements venir, le choc est moins grand. C’est l’opposé de toutes les analyses qui nous montrent que la mondialisation était idolâtre et aussi qu’elle pourrait le redevenir très vite. Le renoncement est le garde-fou qui rend humble et heureux du vrai bonheur ; le renoncement donne la capacité d’être libre devant les conditionnements sociétaux en tous genres. C’est l’école de Jésus accessible par le Saint-Esprit.

Bon temps pascal à nous tous, dans la réflexion et le désir. Bon temps pascal dans l’attente de pouvoir reprendre une vie sacramentelle, eucharistie, sacrement de la réconciliation ; bon temps pascal dans l’accueil quotidien de la miséricorde dont c’est le dimanche dédié et dans l’attente d’une Pentecôte de feu.

P. Michel Cottineau