Guéris-nous de l’alcool – Témoignage d’une personne malade et l’alcool et de son mari

Béatrice, malade de l’alcool

Je m’appelle Béatrice, 61 ans, malade alcoolique, mariée à Mark-Andrev. Nous avons 4 grands enfants.

Je vous partage une partie de mon parcours avec l’alcool. Étudiante, je faisais la fête avec les copains mais sans plus. Plus tard, les enfants couchés, Haude, notre dernière enfant, avait 2 ans, je prenais l’apéro avec une copine qui venait de temps en temps, puis souvent et tous les jours !!!  Je prenais aussi de la bière, un peu, puis beaucoup… Et ce ne fut plus suffisant, je buvais en cachette, du vin blanc, du whisky !

Je m’occupais de mon grand-père, alcoolique. Ma mère a eu également une période alcoolique. Je protégeais mes sœurs, mais moi …non ! Je maitrisais !!! Je relativisais ma consommation, persuadée que je pouvais m’arrêter quand je le voulais ! Bien sûr, ce ne fut pas le cas. J’ai pris conscience de mon problème, mais à qui en parler ? Et que faire ? Je me sentais seule et je pense que c’est le pire dans cette maladie. Alors, l’enfer a commencé pour moi, le trou noir.

Un soir que je voulais en parler à mon mari, on regardait un film sur une femme alcoolique : ma décision était prise, je lui disais tout ! A la fin du film, il me dit  » Une femme comme ça, je la quitte sur le champ !!! » Et là ! Boum ! La catastrophe pour moi ! Cela m’a enlevé toute envie de lui parler ! Me revoilà seule à ruminer dans ma petite tête et à boire ! Je m’enfonçais dans le trou noir de l’alcool !

J’ai eu une pancréatite aigüe ! Bien entendu, quand le médecin m’a demandé si je buvais, j’ai dit non. Je m’en suis sortie de justesse et…c’était reparti : le trou, le mensonge, les stratagèmes pour boire, les planques pour cacher les bouteilles, les disputes, les coups …bref la galère ! Je ne savais pas comment faire pour m’en sortir. Mon mari a pris conscience du problème. Comment ? Je ne sais pas mais je me suis sentie sauvée ! Alors, est venue la période des cures, des postcures, des hospitalisations à l’hôpital psychiatrique, des internements…

A postériori, je ne regrette pas cette période qui fut pourtant difficile à vivre car j’ai découvert un monde que j’ignorais, celui des paumés, des écorchés vifs, des laissés pour compte qui ne demandent qu’une seule chose : un peu d’amour et d’attention. J’ai appris l’humilité et le don gratuit de soi, j’ai appris la compassion. Je suis arrivée en postcure aux Sables d’Olonne. La secrétaire me fait attendre, je lis les petites annonces et je vois : « les Pèlerins de l’eau vive, mission catholique parmi les alcooliques ! Je prends mon téléphone et j’appelle. Une femme fort aimable, Marie-Jo, me répond que quelqu’un passera me voir ! Bon !  Pourquoi pas ?  Je m’installe dans le centre et le surlendemain, le directeur vient me chercher et m’accompagne à l’accueil car une dame veut me voir ? J’étais perplexe !!! Je découvre Monique, super sympa, qui me parle des Pèlerins de l’eau vive et me dit qu’elle viendra me chercher un soir par semaine pour m’accompagner à la prière ! Ouah ! Stupeur ! Le directeur est d’accord ! Elle est venue une fois par semaine pendant 4 mois sans jamais m’oublier.

J’étais en super forme en sortant et super motivée et… j’ai retouché à l’alcool. Retour à la case départ ! Durant toute cette période, je précise que jamais je n’ai perdu la Foi. Je crois sincèrement que cela m’a beaucoup aidée. Lors d’un pèlerinage des Pèlerins de l’eau vive, en juin, à Lourdes mon mari et moi avons rencontré Bernard qui vivait dans une communauté des Béatitudes. Mark-Andrev lui a parlé et il a proposé que je passe quelque temps à la communauté qui a l’habitude d’accompagner des personnes dépendantes. Tout s’est mis en place très vite et me voilà partie à Venthône en Suisse !  Avec un Pèlerin à chaque changement de train de peur que je n’achète de l’alcool !!! Cette communauté !!! C’était le bout du monde ! Au début, j’ai eu l’impression d’être en prison ! Mais très vite, j’ai accepté la situation et je l’ai appréciée. Une vie de travail et de prières, avec toujours quelqu’un à qui parler, beaucoup de sollicitude et d’amour. Dans ma tête j’étais partie pour un mois, voire deux… et je suis restée 8 mois !!!!

Jamais je n’oublierai les Pères et les frères et les sœurs ! C’est ma deuxième famille ! Mon mari est venu me voir au bout de 4 mois et m’a dit : « Tu es transfigurée ! » Il était heureux de me voir ainsi et moi heureuse de le voir heureux et de retrouver la gaité dans ses yeux ! Alléluia ! Merci Seigneur pour ces merveilles que tu as faites pour moi !  Depuis, nous retournons tous les ans passer une semaine en Suisse à la communauté, une nécessité pour nous et un bain de jouvence à chaque fois.

Dans notre maladie alcoolique, on oublie la souffrance infligée à ceux qui nous entourent. Il aurait fallu que je regarde et que je voie leurs regards suppliants et tristes au lieu de me focaliser sur la bouteille et quel bonheur de retrouver leurs regards pétillants et joyeux.

C’est tout simple, tellement beau et si merveilleux ! Bien sûr, le retour a été dur. 8 mois d’absence ! Il a fallu réapprendre à vivre en famille. Reprendre ma place de maman, renouer le dialogue avec les enfants, surtout avec l’ainée. Il a fallu 2 ans pour qu’elle m’accepte à nouveau. Reprendre ma vie dans la société, revoir mes amis qui avaient changé eux aussi. J’ai réappris à vivre, et sans alcool cette fois et toujours en lien avec les Pèlerins.

Nous avons fêté nos 30 ans de mariage et marié notre fille ainée. Nous allons être grands-parents. Nos enfants sont en bonne santé, ils ont un travail, une vie toute simple mais si belle. Je souhaite que mon témoignage soit un témoignage d’espoir qui encourage tous les malades à continuer un chemin vers l’abstinence. Ce n’est pas facile mais cela en vaut la peine. Les ennuis de la vie ne nous épargnent pas mais nous sommes plus à même de les affronter ! En juillet dernier, on m’a découvert un cancer du poumon : opération, chimio. Maintenant ça va, mais j’étais lucide pour me battre et je n’ai pas pensé à boire, bien que des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête. Chaque jour on progresse dans cette nouvelle voie de l’abstinence et on apprécie chaque petit bonheur quotidien, comme savent le faire ceux qui ont failli tout perdre ! Gagner l’abstinence, c’est gagner un match de boxe avec l’alcool, on perd les premiers rounds mais on finit vainqueur. On est bien entourés : on est jamais seul, Dieu est là qui veille sur nous ! et il y a les Pèlerins de l’eau vive. Bref, soyez fiers de votre choix, soyez courageux ! Bonne chance !

Mark-André, son mari

« Ténèbres et Lumières pour un co-dépendant »Qu’est -ce que l’alcool qui s’immisce dans la relation d’un couple ?

– la communication est rompue

– la souffrance s’installe

– l’incompréhension totale et mutuelle.

Bref, la nuit noire, les ténèbres…

La vie de couple est gâchée par le sentiment d’impuissance du co-dépendant, le sentiment de culpabilité et un grand désarroi. Ce désarroi qui nous mène aux paroles blessantes, aux disputes, aux coups, à une impasse…

Vers qui se tourner ?  Un grand nombre de psychiatres ne comprennent pas la maladie, les psychologues ont été une perte de temps, les hospitaliers en psychiatrie n’ont rien fait, les groupes de paroles des associations ont été inefficaces…je prends des médicaments pour traiter un fond dépressif et calmer mon anxiété. Mais toujours pas d’apaisement dans la vie de notre couple.

Je rencontre un comportementaliste lors d’une cure de Béatrice qui prend la situation familiale dans sa globalité et nous aide efficacement. Mais l’alcool est toujours au rendez-vous.

Pourquoi ma femme prend-elle de l’alcool ? Pourquoi moi, médecin, suis-je donc incapable de la soigner ?

Béatrice ne cherche plus le pourquoi elle en est arrivée là, mais plutôt comment s’en sortir. Et si elle avait raison !

Il fallait trouver avant tout un point commun à tous les deux qui nous permettent de communiquer, d’apaiser la situation et de partager notre souffrance. SE FAIRE AIDER.

Cette lueur, tel un cierge allumé dans l’immensité de la nuit, c’était LA FOI. La FOI, cet amour, cette confiance que nous avons envers Jésus. C’est une relation intime avec Dieu, une relation forte sans oublier la Vierge Marie.

C’est là que sont apparus les Pèlerins de l’Eau Vive, grâce à la cure de Béatrice aux Sables d’Olonne. Lors de notre premier pèlerinage à Lourdes avec les PEV, nous avons pu, l’un comme l’autre, ensemble ou séparément, partager nos peines, nos souffrances respectives et différentes avec des pèlerins qui avaient vécu la même situation que nous, et un semblant d’apaisement est apparu. Première lueur dans nos ténèbres qui commençaient à se dissiper. Je décide alors, dans un grand désespoir, d’en parler avec Bernard qui nous conseille la communauté des Béatitudes en Suisse. Béatrice accepte. Je la rejoins là-bas au bout de 3 mois et je la trouve transfigurée. Je suis émerveillé mais sur les conseils de la communauté, je rentre seul à Mayenne et elle restera en Suisse encore 5 mois ! Le retour seul m’a permis d’apaiser les enfants qui étaient très inquiets et remontés contre leur mère.

Cependant le retour à la maison de Béatrice ne se fit pas sans mal. Il était difficile pour elle de regagner la confiance des enfants et la mienne et de retrouver sa place de maman. Ce fut long et chaotique mais grâce à notre Foi et notre espérance, la vie de la famille est redevenue plus apaisée et normale.

A tous les co-dépendants, je voudrais dire ceci : Soyez patients !

Nous avons des outils à notre disposition :

– la prière et le chapelet

– la prière de la communauté des Béatitudes

– la prière hebdomadaire des cœurs locaux

– le soutien des pèlerins. N’hésitez pas à les solliciter et à trouver un ou plusieurs référents. Alain, co-dépendant et Marie-Jo, une ancienne malade, m’ont énormément aidé et maintenant nous sommes ravis d’apporter notre aide à des personnes en difficulté. Alors !

Chers Pèlerins, cher malades, chers co-dépendants, soyez patients, priez, laissez-vous porter par la prière des pèlerins, garder l’espérance en vous, aimez votre malade avec humilité et n’oubliez pas cette parole

 » Réjouis-toi ! Dieu t’aime ! »